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Les Jours de Vita Gallitelli, le mot de l’éd...

Les Jours de Vita Gallitelli, le mot de l’éditeur

« Tous les noeuds viennent au peigne ». Ainsi commence l’histoire, par un de ces proverbes italiens prophétiques qui vont la jalonner de leur sagesse colorée : nul secret ne résiste à une enquête minutieuse. En deux livres, dans lesquels elle explorait les vies minuscules de petits et grands voyous, Helene Stapinski s’est forgé une réputation d’éthologue du genre criminel. Outre-Atlantique, on l’appelle l’« Elmore Leonard du New Jersey ». À un détail près : c’est sa propre famille qui compose le casting. Filous, fraudeurs, bookmakers, truands, aspirants à la célébrité… Non seulement la lignée offre un beau panel d’escrocs, mais encore Helene a une trisaïeule meurtrière. La fière Vita Gallitelli a émigré en 1892 aux États-Unis pour fuir l’Italie du Sud, sa misère endémique, sa féodalité ancestrale, et les conséquences de son geste. Elle aurait tué un homme à la fin d’une partie de cartes endiablée dans une ville de la Basilicate. Le Christ s’est arrêté à Éboli, nous a affirmé Carlo Levi ? C’est encore plus loin…
Dette de jeu, honneur bafoué ou pire ? Si la rumeur qui se transmet d’une génération à l’autre est fausse, il faut la dissiper. Mais si une authentique histoire de famille condamne les descendants de Vita à vivre à l’ombre du péché originel, il est impérieux de la fouiller. Décidée à rompre la spirale infernale, Stapinski refait le voyage de Vita à l’envers, et transgresse l’injonction tout italienne qui lui est faite sur place : « Laisse les morts reposer en paix ! »
Fable épique époustouflante, Les Jours de Vita Gallitelli est un polar existentiel, un Globe d’été double parfum à lire sur une plage italienne. Vous levez le nez des pages pour méditer sur le destin de Vita, et le vent vous murmure quel est le prix à payer pour se construire une vie meilleure. Vous allez vous dégourdir les jambes entre deux chapitres, et les pas d’une femme éternelle vous accompagnent, de tragédie grecque en fait divers moderne. Vous vous demandez au fait, ça se passe quand ? et une vague vous répond avant de mourir : au XIXe siècle finissant, et maintenant, et toujours.

Valentine Gay

 

[Photo : Matera © D.R.]


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